dimanche 30 juin 2013

16 La Laponie, Sapmi et les Sames : Arvidsjaur, Jokkmokk 29, 30 juin, 1er juillet 2013 18° à 24°



Laponie ou Sapmi et Samis


Il est tant de vous révéler ma véritable motivation dans le détour de quelques centaines de kilomètres en Suède : découvrir la Laponie et les traces des samis lors de leur colonisation par le christianisme au XVII et XVIII ème s., notamment avec les fameux villages églises. 





Les frontières des continents n'ont pas découragé les colonisateurs porteurs de christianisme puis d'intérêts économiques. Partout dans le monde : Amérique avec les indiens, Afrique, Europe etc ... les massacres étaient monnaie courante. Faire plier le peuple  ou/et  le massacrer. Les samis de Laponie n'y ont pas échappé. 

Mes notes personnelles s'ajoutant à mes lectures je me permets de vous livrer quelques mots sur ce peuple.

Le terme lapon signifie "haillons", c'est dire à quel point on les a rabaissés et on a voulu leur enlever toute dignité et identité culturelle. Des chamanes (noajdde) furent tués, brûlés et leurs tambours sacrés peints de dessins symboliques et utilisés pour leurs rites furent détruits. En confisquant ou détruisant l"instrument, les chrétiens pensaient supprimer les samis. Si vous avez eu l'occasion de lire "Le dernier des Lapons", polar recommandé, vous avez compris la souffrance de ce peuple et la place du sacré. 




Photo prise au musée de Jokkmokk






Le peuple  sami est le plus ancien de Scandinavie. Peuple nomade à l’origine se déplaçant avec leurs troupeaux de rennes  après leur domestication   vivant de pêche, chasse et cueillette.   

En dépit de toutes ces interdictions à ce peuple de pratiquer leurs coutumes , les samis ont pu perpétuer avec discrétion leurs croyances au-delà des siècles et garder une culture identitaire.  Non sans changement, mais avec la subtile et probable fusion des deux influences, christianisme obligé et chamanisme tu. Ils doivent probablement leur survie à leur intelligence d'adaptation.
Ils se déplacèrent (obligés)  vers les territoires du nord chassés par les colons pionniers qui se sédentarisèrent  pour pratiquer l'agriculture et la pêche au XVIIIe (avec des primes !) et qui occupèrent les lieux stratégiques d'échanges pour le commerce (ports etc...). 
Les emplacements des "lapons" étaient réglementés  par l'église et la Couronne.  



On n'a pas pu leur retirer  leur  liberté de penser et de croire.  Sous silence et sans le manifester le chamanisme s'est perpétué avec la culture des us et traditions s'alliant à un modernisme croissant (matériel : motoneige, économique avec une demande de la viande de renne qui n'a plus rien a voir avec les élevages de troupeaux familiaux ...). 
Ils luttent encore contre les prospections, les exploitations minières et forestières et maintenant hydrauliques qui coupent les terres des rennes et les pâturages.


C'est donc avec intérêt et respect que le dimanche 30 juin 2013 vers 10h nous partons à la recherche du  "village paroissial" sami dont voici la triste histoire de sa création à travers les lois imposées.

 "Pas de croyance aux esprits ni de communication avec eux !" ordre chrétien ; confisquer et détruire  les tambours et objets sacrés, tuer ceux qui sont en possession de l'un d'eux.   Je me demande comment ils pouvaient  comprendre ce que les chrétiens leur demandaient : croire en Dieu et en l'esprit saint ;  ces deux derniers cités, ne sont-ils point des esprits ? 
Ils furent donc obligés de  répondre aux questions sur le christianisme  et de faire baptiser leur enfant ; comme ils pensaient que le nouveau nom chrétien portait malheur il purifiait ensuite l'enfant en le lavant et lui donnait un nom same qui correspondait à la personnalité de l'enfant ou à un ancêtre apparu en rêve. Si le nom par la suite se révélait de mauvaise corrélation avec la personnalité, on le changeait avec une cérémonie.  
En 1607 Les samis ont eu l'obligation de venir à deux célébrations chrétiennes  par an, une au printemps et une en hiver. Ils faisaient des étapes en raison des longues distances à parcourir et se reposaient dans les villages paroissiaux construits autour des églises. 
Des tentes samies étaient dressées autour de l'église et par la suite des cabanes en bois de même forme et basses pour être mieux chauffées. Ils y entreposaient aussi leurs marchandises.
C'était l'occasion de foires et d'échanges mais le prévôt de l'Etat n’omettait pas de collecter des impôts et de se servir en viande de renne, poissons séchés, cuir etc ... stockés dans  des cabanes en bois au village église même. 

Des découvertes archéologiques ont montré que là aussi les églises étaient construites sur d'anciens lieux utilisés par les samis (foire ? rite ?). 

A Avidsjaur les constructions en bois sont préservées. 




constructions des pionniers plus rectangulaires et plus grandes pour une quasi sédentarisation. Par la suite, il y eut  une école.

Ils existait 70 villes églises en Suède dont Gammelstadt site du patrimoine mondial. 
Les 408 maisonnettes ont été sans doute construites au fur et à mesure des besoins, serrées avec d'étroites ruelles à proximité de l'église.

Ces maisons, classées, sont actuellement habitées.





Continuons notre pèlerinage sur la route des samis et visitons le musée de Jokkmokk.  Remarquable. Il nous  replonge dans la vie quotidienne des samis, la faune et la flore de l'époque. Beaucoup de moyens, visuels, auditifs... sont là pour nous imprégner et nous détailler ces us. Les photos ont été prises dans ce musée.
Tambour sacré












Nous quittons cette reconstitution et retrouvons nos paysages tout aussi surprenants que ceux des jours précédents. Lorsque les nuages voilent le ciel ... 







                                                                                                 Photos P.H. Pernelle

 Allons vers les îles Lofoten mais avant ... Passons la dite  ligne  (presque  actuelle) du cercle polaire "matérialisée" par un panneau   !



15 de Tromdheim, Norvège à d'Arvidsjaur en Suède Le 28,29 30/06/13 18 à 24°



L’aube à TROMDHEIM  6 h 55 le 28 juin 2013 




      

De Tromdheim à FRÖSÖN





Fröson et … son église 









et sa pierre runique grossièrement colmatée





Storuman, entre "G et E"

A Storuman une église en forme de tente nichée dans un camping fut un lieu de culte obligé par les porteurs du christianisme, pour  la population  same 

le clocher  en bois est 
déposé à côté de l'église

Nous sommes en Laponie. Passionnée d'ethnologie je m'intéresse à la culture same -ou samie- ; c'est la raison pour laquelle nous partons pour  Arvidsjaur.

Un ruban de plus de 200 kilomètres de bitume se déroule inlassablement. La route, parfois doublée d'une voie ferrée est bordée de chaque côté d'une haie de pins ; ça et là des bouleaux éclaircissent  de blanc l'enfilade des conifères. La monotonie qui pourrait s'installer est rompue par un troupeau de rennes  qui traversent  toujours nonchalamment la route ou par des lacs qui  assez  rythmiquement s'étalent dans le paysage. 








La présence humaine se détecte par l'exploitation forestière. La chaîne utilitaire est ainsi faite : de la forêt aux arbres, des arbres aux troncs pour la construction et les meubles, des troncs aux bûches pour le chauffage. 
Autrefois les maisons étaient recouvertes de trois couches d'écorce de bouleau pour isoler de l'humidité, puis de terre et de gazon.  

Le bois très largement exploité est aussi une matière pour l'artisanat et une source d'inspiration pour l'artiste, tel le sculpteur rencontré aujourd'hui. 
Sous nos yeux, patiemment et habilement, du tronc il fait émerger des visages et les lime jusqu'à une parfaite douceur sous les doigts. C'est notre rencontre du jour.








Note champêtre




                                                                                                             

Photos P.H. Pernelle





















jeudi 27 juin 2013

14 Sur la route des fjords vers Tromdheim via Urnes, Lom par le chemin des écoliers




Bergen à Tromdhein  ...  au 27 juin 2013 km 6150  9° en montagne à 19° pluie le soir
Prévoir un trajet ? Oui, nous l’avons fait mais nous adorons prendre le chemin des écoliers au gré des paysages puisés au fil de notre route et de nos envies.
Les changements soudains de paysages à la sortie d’un virage, d’une montée, vers le Sognefjell par exemple, ou d’une forte pente vers la vallée restent un mystère pour moi.















La beauté des fjords, de la montagne  enneigée ou tapissée de plantes qui émergent avec les pluies et le soleil du printemps et de l’été, du parc national du Jotunheimen aux sommets de plus de 2 000 m ;  
la beauté des couleurs brune des pierres et blanche  des cascades qui flirtent avec les roches, courent et bondissent jusqu’au torrent qui prendra le relai  et finira sa course dans un fjord ;
celle  des vallées verdoyantes aux tâches de peinture rouge brunâtre  des maisons, ou marron des fermes de rondins brunis au  goudron,  
oui tout cela nous l’avons vu et avons eu le souffle coupé devant la nature enchanteresse qui s’emploie à nous offrir tant de paysages de cartes postales.
Mais l’infini des paysages panoramiques et de l’horizon effleurés par les yeux ne se poste pas.  Les impressions ressenties et sensations perçues ne s’écrivent pas et ne peuvent se  transmettre  au regard d’une photo, non elles nous pénètrent et nous envahissent. Ce qui s’en dégage ne s’attrape pas, c’est la substance de notre bien être. 



Isberg le dramaturge  a trouvé l’harmonie et la rencontre avec lui-même lors de ses marches dans cette montagne.  Il a puisé dans ce cadre l’inspiration qui n’a eu  de cesse de s’alimenter dans ce décor et cette solitude.  


Nous redescendons régulièrement et ne comptons pas les détours ni les tunnels, vers les traces de la civilisation des vikings et des siècles qui suivirent pour ne pas manquer quelques visites d'églises en bois debout … Après « la chasse aux runes »…

 Dans les alentours de Bergen (6 km)  nous accédons après une forte montée de 5-6 mn dans les bois, à l’église de  FANTOFT juchée dans une propriété privée. Jusqu’à la fin du XIXème elle était au village de  Fortun avant d’être rachetée et remontée plus loin par un bourgeois de Bergen.
Puis  notre route passe curieusement Urnes, Lom et Rodven. 






J’aimerais bien connaître la raison qui interdit les photos même sans flash alors que l’éclairage électrique est de forte intensité et pourquoi les norvégiens s’approprient le droit de cette interdiction compte tenu de son classement au patrimoine de L’Unesco ! 







 

La magie du paysage est bien là 



Et les trolls ne s’y sont pas trompés, si vous ne les rencontrez pas c’est qu’ils restent discrètement cachés dans la nature, potion de leur sourire et de leur gentillesse. Bien sûr, comme les humains, il y a des trolls moins positifs, là, passez votre chemin.

Parfois en ville vous en apercevez un en bois statufié et si vous savez l’écouter il vous glisse à l’oreille un message.  Il vous raconte d’où il vient et ce qu’il a parcouru et vous invite à repartir avec votre âme de vagabond pour vous convier au mariage du silence et de la beauté de la Norvège.

Pernelle prend la route légendaire qui serpente dans la montagne : la route des trolls



 

Ah voilà un troll !  J'irais bien me présenter mais il est vraiment haut ! 

                       
                                                                              Allez j'y suis  presque ! 

 Epuisée, je m'assoupis bientôt au sommet après avoir écouté l'histoire de Petit Troll et je fais un drôle de rêve :




Et à mon réveil, devinez quoi ... J'avais un petit troll dans les bras !

 





C'est avec P'tit Troll que je quitte cet endroit magique vers Tromdheim à la belle cathédrale et  surprise ! .... aux  maisons colorées au bord de l'eau ! Un petit clin d’œil à Bergen ! 

Tromdheim le mercredi 26 juin 2013     13°        km 6 000




Côté rue
côté port






La gentillesse des norvégiens et leur côté cool affiché se confirment aussi vers le nord.

Au fil du temps, ... jeu de mots , et de ses températures basses pour un été, nous logeons dans des cabines bungalow. Hier c'était dans une maison chauffée, tout de bois avec salon, 2 chambres, cuisine et salle de bains et comme c'était hors saison d'hiver, quoique .. nous avons payé le même prix que pour une petite soit aux alentours de 60 euros. Aujourd’hui c'est le repos pour 48h  au bord du fjord de Tromdheim. Manque le vrai soleil chauffant mais j'apprécie la vue superbe et le petit ponton devant notre bungalow. 
Nous avons rencontré un français installé depuis 10 ans en Norvège. Paysan, il nous a confié les difficultés rencontrées pour le fauchage et la culture en raison de pluies au printemps et en été depuis 3 ans et particulièrement cette année. Voilà pour la rencontre du jour...

Nous quittons Trondheim non sans nous être prélassés devant le spectacle magique du coucher de soleil


Quelques jours d'avance sur notre programme de base mais beaucoup plus des km. Bon vous avez compris on ne les économise plus en fonction des routes et surtout de nos envies; liberté chérie.... Alors soyons fous ! Si nous faisions une petite escapade  -de plus de 300 km - avant notre montée vers les îles Lofoten, Alta et le Cap Nord ? Si nous traversions  la Norvège pour découvrir d'autres paysages dans le  centre de la Suède et ses lacs ?  Il y a sûrement une pierre runique par là-bas. 
Original non ? C'est  très attirant ! 
Et si nous allions faire un tour en Laponie côté suédois ?


Ah j'allais oublier la note champêtre



craquant ! 



                                                                   Photos P.H. Pernelle